mercredi 5 juin 2013

"Petite Allumeuse"

« Petite allumeuse » 

Ça me trotte dans la tête depuis plusieurs semaines déjà. Premièrement j’avais envie d’écrire quelque chose, actualiser un peu DFCC, ramener du sang neuf et puis ensuite les posts sur le harcèlement dans la rue ont commencé à pleuvoir. Deux qui m’ont particulièrement touché pour ne pas dire fait vomir de rage : « viande à viol » et celui de Corny. Alors aujourd’hui, quand le coup de grâce fut porté, je me suis empressée de venir tapoter mon dégoût de la race humaine qui grandit de jour en jour.

 Le harcèlement de rue si tu l’as pas vécu tu peux pas comprendre. T’as beau essayé de toutes tes forces, si t’as jamais marché toute seule dans la rue (de jour ou de nuit) avec la peur au ventre, si t’es jamais passé devant un groupe de mâles virils et fiers sans te faire presque littéralement scanner de la tête aux pieds, si t’as jamais attendu ton bus toute seule avec les yeux rivés au sol et en priant une quelconque force divine pour qu’on ne vienne pas t’adresser la parole tu ne peux pas vraiment en prendre toute la mesure. Le harcèlement de rue c’est une plaie, une morsure, une pourriture, un virus. Le harcèlement de rue c’est cette connerie qui ne te permets pas de faire une pas dehors toute seule sans te dire « putain, y’en aura combien aujourd’hui ? ». Le harcèlement de rue ce n’est pas anodin, ce n’est pas exceptionnel et ce n’est surtout pas flatteur.

 Le harcèlement de rue (Je veux que ce mot vous transperce comme il nous transperce tous les jours) ce n’est pas banal, ni commun. Et pourtant. Pourtant on s’en prend plein la gueule tous les jours. Les plus naïves essaient de se justifier ces petits idiots « J’avais une jupe trop courte », « c’est mes talons, ils sont trop hauts », « c’est peut-être mon maquillage, il est assez voyant ». Mesdemoiselles, une bonne fois pour toutes. CE. N’EST. PAS. VOTRE. FAUTE. Si ce connard n’a pas été éduqué de manière correcte, s’il considère les femmes comme des victimes, des petits joujoux qu’on trouve dans la rue et bien c’est sa faute. Il et vous, ne pouvez vous en prendre qu’à lui. Le harcèlement de rue peut prendre plusieurs formes, du léger sifflement à la proposition yeux-dans-les-yeux en passant par le sourire vicieux. On se rend compte de tout, on absorbe tout. Les premières fois on se retourne, on essaie de comprendre si c’est réel. Si l’individu en face de soi a vraiment cru qu’il pouvait nous parler comme ça. Puis plus le temps passe, plus ça se répète, plus on ferme les yeux. On continue à avancer et on refuse d’y penser. Pour les plus courageuses d’entre nous c’est vite oublié, on essaie de penser à autre chose, on se concentre sur le plus important. Pour les autres c’est plus dur, chaque mot, chaque regard, chaque bruit ressemble à une moquerie. C’est réellement ça, on ridiculise la femme, on la ridiculise pour lui montrer qu’au fond elle n’est rien et que malgré l’évolution des mœurs elle restera toujours inférieure et à disposition. Le harcèlement de rue touche chacune d’entre nous, de la collégienne qui n’a pas encore eu ses règles à la mère qui met un jogging pour aller chercher ses gosses. Et c’est pour ça qu’il nous bouffe toutes de l’intérieur petit à petit. Une fois que ça commence et qu’on a compris le mécanisme on sait que ça va continuer encore et encore. Combien de fois a-t-on changé de trottoir juste parce qu’on avait un mauvais pressentiment ? Combien de fois est-ce qu’on a accéléré le pas et baissé les yeux en passant devant un petit groupe de mââââles ? Combien de fois a-t-on fait un détour parce qu’on sait qu’à cette heure précise c’est à nos risques et périls ? Combien de fois est-ce qu’on a essayé de cacher nos formes le plus possible pour éviter de se faire déranger ? Alors qu’on sait pertinemment qu’on n’a PAS à le faire. L’espace extérieur appartient autant aux hommes qu’aux femmes mais malgré ça on voit très bien que c’est faux, faux, faux, archi-faux. Combien de fois ça vous est arrivé, vous les mecs, de faire tout ça ? On aimerait bien pouvoir se retourner et demander à ce petit con « Pardon ?! Répète-moi ça ? » Lui donner un bon petit cours de bonnes manières. Mais on ne le fait pas. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’on subit ce fardeau ? On est fatigués on en a marre, on s’attend à la bonne vieille réponse « sale pute » « ferme ta gueule connasse » alors on ferme sa gueule avant même d’avoir dit un mot pour éviter de se faire encore plus humilier. On se dit que si on n’y accorde pas d’attention, il partira, lui et ses mauvaises intentions. C’est ce qui arrive en général d’ailleurs. Mais il reste toujours une trace, cette sensation de s’être fait marcher dessus, de s’être fait bâillonnée. On se sent sale, on arrive chez soi et on se repasse la scène dans la tête en se disant que « putain ! Mais quelle conne ! » En sachant pertinemment qu’on n’aurait pas fait grand-chose. 

On sait que tous les hommes ne sont pas comme ça et encore heureux il n’y a qu’une partie des individus de sexe masculin français qui sont de vrais sauvages et qui pensent encore que pour séduire une fille une caresse impromptue ou une remarque déplacée suffit et hop ! Elle est dans ton lit. Seulement la question, qu’est-ce qu’on peut faire ? On ne sait pas, on cherche. Certaines répondent, question de fierté et je ne peux qu’être admirative, d’autres se taisent et tentent de ne plus y penser. Mais quand on absorbe, qu’on retient, qu’on garde pour soi, on finit par exploser. Et comment explosera-t-on ? Que ferons-nous …. 

Ce post est beaucoup plus cru que ce qu’on trouve d’habitude sur DFCC et je ne sais pas vraiment si je dois m’excuser ou pas. Le fait est qu’il est comme ça, sans plan, sans conclusion même mais surtout des mots qui devaient sortir. Il est brut de chez brut presque pas modifié en espérant que quelques-unes du moins se reconnaissent dans cette rage. Il peut paraître excessif mais c’est réellement ce qui me traverse l’esprit alors bon. Tant pis.

 « Respecter l'autre, c'est le considérer en tant qu'être humain et reconnaître la souffrance qu'on lui inflige. »  Marie-France Hirigoyen

VAVA

 
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